Autour de l’Arc Royal
(Most Excellent Master, Royal master, Select master, Super Excellent Master, etc.)
par Marc Mirabel
29 mai 2008
par Marc Mirabel
29 mai 2008
Nous savons qu'au 18ème siècle, il existait dans les îles britanniques toute une série de grades qui étaient conférés au candidat avant son exaltation à l’Arc Royal. Celui-ci était, en Irlande, en Écosse et dans les colonies Nord américaines, en étroite relation avec le grade de Knight Templar. Il suffit de citer l'exemple bien connu extrait des minutes du Chapitre de Saint-André à Boston au sein duquel le 28 août 1769, le frère William DAVIES - vénérable de la British Army Lodge n° 58 - fut reçu "Excellent, Super Excellent, Royal Arch Mason et Knight Templar", le tout, bien entendu, dans la même soirée... On ne peut affirmer avec exactitude, en quoi consistaient les grades d’Excellent et de Super Excellent à cette date.
En tout état de cause, et pour nous en tenir au grade d'Excellent Maître, nous pouvons nous interroger sur ses spécificités. C'est un véritable grade avec toutes les caractéristiques que cela comporte (mot, signe, attouchement...). Mais ce qui fait l'originalité du grade d'E.M. est sans nul doute le Passage des Voiles (Passing the Veils) qui est le cœur de sa cérémonie... Certes, le Passage des Voiles est pratiqué en Irlande et aux U.S.A. mais de manière différente car il est "inclus" dans le cours de la cérémonie d'exaltation.
Il n'y a pas de grade d'Excellent Maître sauf en Écosse où le grade se pratique lors d’une tenue idoine et où on porte le bijou d'E.M. (dans les catalogues de regalia, il est répertorié sous l'appellation de "Royal Arch Excellent Master breast jewel / Scottish Constitution").
Ce bijou, le Pentagramme, n'est en rien un élément anecdotique, il constitue une des originalités de ce grade et là aussi, n'est porté qu'en Écosse dans toutes les tenues de l’Arc Royal... Le candidat est reçu sur le Pentagramme que le couvreur lui applique sur le sein gauche en lui disant : "Frère N., entrez dans cette Loge d'Excellents Maîtres sur le Pentagramme, symbole des cinq points du compagnonnage afin de vous faire ressouvenir de votre Obligation de Maître Maçon. "
Pour mémoire, souvenons-nous que dans le grade de Most Excellent Master du Rite Américain, le candidat est reçu sur la clef de voûte, et que si le mot de passage et le signe d'ordre sont identiques... ce qui est une curiosité, la cérémonie n'est en rien un passage des voiles, c'est une autre cérémonie.
Pour en revenir à notre propos, la conclusion naturelle qui s'impose dans sa simplicité est donc que le Pentagramme n'est qu'un simple rappel des cinq points du compagnonnage et a priori, rien de plus... mais est-ce le cas ? A ce moment, le plus difficile est d'éviter de sombrer dans la symbolâtrie et de se lancer dans des hypothèses hasardeuses sur une éventuelle interprétation du Pentagramme. Si l'on ne connaît pas les anciens rituels d’E.M., on est en droit de se demander comment ils ont "supporté" l'Union de 1813.
Ce grade, ayant disparu de la maçonnerie anglaise au cours du 19e siècle, a été victime soit d'un désintérêt soit d'une omission volontaire due à son caractère chrétien. Lors de l'introduction du candidat, la prière du chapelain s'achève ainsi : "et fais que, lorsque le Voile de ce Tabernacle terrestre se déchirera en deux, nous puissions être admis dans ce saint sanctuaire où Tu règnes pour les siècles des siècles. Amen." On ne peut s'empêcher de faire un rapprochement avec le Voile du Temple qui se déchira lors de la mort du Christ dans l'Évangile de saint Mathieu.
L'interprétation des Voiles est multiple, bien entendu, et on peut l'associer aux éléments, à certaines vertus et pourquoi pas aux différents niveaux que la conscience de l'initié traverse lors de son évolution spirituelle...
Il en va de même pour le Pentagramme... Nous ne pouvons nous empêcher d'évoquer la marque de maçon qu'avait choisi Sir Robert MORAY ! Doit-on y voir les conséquences d'une contribution de la Renaissance en sa composante la plus " occulte " ? C'est une possibilité que l'on ne peut écarter. Écoutons D. STEVENSON : " D'une manière plus élémentaire, le chiffre cinq, souvent exprimé comme un pentacle, était dans une large mesure considéré comme se référant à l'homme, en décrivant ses cinq extrémités (la tête et les membres) et pouvait aussi correspondre aux cinq blessures du Christ - connotations qui pouvaient entrer en ligne de compte dans le fait que les points du compagnonnage en Franc-Maçonnerie s'élevaient au nombre de cinq." Cinq points du compagnonnage, cinq blessures du Christ : le Pentagramme d’Excellent Maître. Les rituels anciens nous font défaut, il faudrait se demander si leur caractère chrétien était encore plus accentué ou si pour des maçons subtils, les textes et les emblèmes que nous connaissons leur suffisaient pour en comprendre la signification cachée.
Bibliographie succincte :